Introduction

  • Cette page est la documentation de l’atelier “Futur du revenu de base inconditionnel” qui s’est déroulé à FoAM le samedi 23 janvier 2016.
  • Cet atelier a été co-organisé par FoAM et le réseau belge pour un revenu de base.
  • Le déroulé de l’atelier a été adapté de la méthode de planification de scénarios “Shell/GBN 2×2” par Maja Kuzmanovic, Michka Mélo et Nik Gaffney
  • L’atelier a été mené par Michka Mélo, Barbara Garbarczyk et Leslie Doumerc, avec la participation de
  • Quelques éléments sur la préparation de l'atelier sont disponibles ici.
  • Toutes les photos prises pendant l'atelier sont disponibles ici.

Question

  • La question à laquelle cet atelier tente de répondre est :
    • A quelles conditions un revenu de base est-il vecteur d’émancipation ?

Facteurs

Ce qui est connu
  • Fraction de la population en dépendance
  • Nombre de burn-outs chaque année
  • Taux de chômage élevé
  • Les résultats des expérimentations de revenu de base en Amérique du Nord dans les 70
  • Intensification du travail (via l’informatique)
  • Lanceurs d’alertes
  • Inégalité du partage des ressources
  • Espérance de vie longue
  • La structuration politique de l’Union Européenne
  • Dumping social, par exemple via la directive europééenne sur les travailleurs détachés
  • Emplois précaires
  • Aides complémentaires, par exemple abonnements gratuits, tarfis préférentiels, bourses
  • Collectivisation des travailleurs
  • Sécurité sociale avec solidarité horizontale et verticale
  • Reproduction des inégalités par l’enseignement, l’aide sociale
  • Taux de qualification
  • Le travail comme facteur de reconnaissance sociale
  • La croissance quasi nulle
  • La notion de capital social, culture, économique
  • La classe moyenne affaiblie
  • Les conditions globales défavorables (changement climatiquem crises financières)
  • La destruction des acquis sociaux
  • L’économie de rente, à savoir que l’argent rapporte de l’argent
  • Le développement d’internet
  • Le recul des ressources pour les sciences humaines à l’université
Ce qui est supposé
  • Coût du suivi des dossiers pour les aides conditionnelles
  • La mort des syndicats
  • L’inégalité générale de revenu, par exemple via l’étude d’Oxfam
  • Le phénomène des bullshit jobs, tel que décrit par David Graeber
  • La méconnaissance de l’histoire des luttes et des stratégies d’organisation de mouvements sociaux
  • L’approche utilitaire de l’éducation
  • Le besoin de vérifiabilité
  • Etre pauvre n’est pas qu’une question d’argent
Ce qui est inconnu
  • La dépolitisation, notamment de la classe moyenne supérieure
  • Les effets du revenu de base sur le long terme
  • La dépendance aux énergies fossiles
  • Y a-t-il une impuissance politique ? D’où vient elle ?
  • Déconnection des élites dirigeantes de la population
  • L’importance de l’économie sociale et solidaire, et le grand nombre d’initiatives locales

Forces émergentes

Sociales
  • La stigmatisationd des chômeurs (+++)
  • Le développement des médias alternatifs (+++)
  • Le phénomène “Tanguy* de départ de plus en plus tardif des enfants du foyer (+)
  • Le développement de l’économie sociale et solidaire (+)
  • L’augmentation de l’auto-apprentissage
  • La vie sociale qui se développe sans les politiques (+)
  • Une ré-émergence des utopies (+)
  • La distinction entre emploi (source de revenu) et travail (autres)
  • La diminution de la mixité sociale
  • Le développement de la jouissance obligée (la quête du bonheur) et la société du loisir
  • Le papy boom
  • Le développement des communaités autarciques
  • Le développement du culte du wellness (bien-être physique) (++)
  • Le développement de la méfiance (on ne peut faire confiance qu’à soi-même) (+)
  • La montée de l’importance des compétences, par rapport à la qualitfication
  • La montée transhumanisme et le travail vers la convergence NBIC
  • La monté de l’open source et de l’open-innovation
  • La difficulté croissance d’accès à l’emploi pour les auto-didactes
  • La montée du post-humanisme
  • La démocratisation des connaissances (+++)
  • La disparition de la nature, contrôler les macro-systèmes vivants
  • Le véganisme
  • La montée de l’individualisme (++)
  • L’évolution du rapport homme-femme
Technologiques
  • La montée de l’automatisation mécanique et intellectuelle (+)
  • Le développement des power grids
  • La centralisation technologique
  • La décentralisation de la production
  • La dématérialisation
  • La nécessité de ré-intéresser à l’agriculture (++)
  • Le développement des technologies sécuritaires
  • Le développement de la biologie de synthèse
  • Le développement des initiatives basées sur blockchain
  • L’intérêt croissance pour la collapsologie
  • L’ultra-informatisation et le développement de l’Internet of Things
  • L’intérêt croissant pour la gamification
  • Le développement du monde du libre
  • Le développement du big data (+)
  • L’intérêt pour les high-clean-tech, sensées résoudre les problèmes d’environnement
Ecologiques
  • L’intérêt croissant pour le fair trade
  • La diminution des surfaces cultivables
  • L’intérêt pour la taxe écologique
  • Le changement climatique
  • La disparition des ressources métalliques
  • La diminution de la biodiversité
  • L’augmentation de l’urbanisation
  • Le développement de la blocadie, ou de la lutte contre les grands projets imposés et inutiles
  • La rarification des énergies fossiles (+)
Economiques
  • La marchandisation de l’éducation (+)
  • La financiarisation de tout (++)
  • L’accroissement des inégalités de richesse (+++)
  • Le développement de la notion de commun (+)
  • La disparition de l’emploi (+++)
  • La fin du salariat
  • L’augmentation du taux de qualification
  • La financiarisation de l’économie
  • L’assurabilité, ou vouloir tout assurer
  • La croissance économique en baisse (++++)
  • La flexibilisation du travail (++)
  • Le développement de l’économie du partage (+)
  • La montée de l’urbanisation (+++)
  • La disparition de la notion de métier (+)
  • Le développement de l’économie de la gratuité (+)
Politiques
  • L’austérité comme mode de gouvernement
  • Le développement des politiques sécuritaires (++)
  • L’intérêt pour le tirage au sort (++)
  • La montée de l’extrême-droite (+)
  • La montée de l’extrême-gauche
  • La montée de la technocratie, ou de la politique sans le peuple, par exemple autour du TAFTA (+)
  • L’effacement du clivage gauche-droite (++)
  • La fin des syndicats (++)
  • La fin du capitalisme (+)
  • L’arrivée d’une nouvelle gauche progressiste (+)
  • L’intrumentalisation des médias par les groupements terroristes
  • La théorie du choc des civilisations, moteur de la politique pour faire oublier les conflits sociaux (+)
  • L’apparition d’un nouvel esprit du capitalisme, comme forcer l’utilisation de termes positifs en lutte politique (+)

Incertitudes critiques

Importance

Les trois forces émergentes ayant le plus d’impact sur notre question sont, selon le groupe, et par sociométrie

  • La croissance des inégalités de richesse
  • La disparition de l’emploi
  • La stigmatisation des chômeurs
Incertitude

Parmi les trois forces émergentes les plus importantes, les deux plus incertaines sont, selon le groupe, et par sociométrie

  • La disparition de l’emploi
  • La stigmatisation des chômeurs

Scénarios

Axes et extrêmes
  • Stigmatisation des chômeurs : mort aux chômeurs, versus culte du chômeur
  • Disparition de l’emploi : aucun emploi, versus plein emploi
Définitions
  • Emploi : obtenir un revenu par le travail
  • Chômeur : personne bénéficiant d’un revenu de substitution pour pallier au fait qu’elle ne dispose pas d’emploi
Arbeit macht frei

Ce scénario correspond au cadrant combinant plein emploi et peine de mort pour les chômeurs

  • La valeur travail est très forte dans cette société
  • Le plein emploi fait que les syndicats sont ont un rapport de force très favorable, et sont très développés.
  • Le bien-être au travail est renforcé par la position de force des syndicats
  • Dans la gauche progressiste, on commence à défendre une vision du travail comme pratique “wellness”, permettant de se faire du bien, de rester en bonne santé, de se sentir libre, cette vision étant renforcée par la diminution du temps de travail
  • Il y a un fort clivage gauche-droite
  • Un large mouvement à gauche défend une réduction du temps de travail, évitant de produire des chômeurs soumis à la peine de mort, et proposant un projet de société progressiste
  • Un mouvement d’extrême-droite propose un génocide des chômeurs, possiblement au nom d’un renouveau néo-darwiniste
  • Il est possible que la société soit arrivée à ce mode de fonctionnement suite à un génocide massif de chômeurs lors d’un excès de chômage de masse, la réduction de la population qui s’est ensuivie ayant contribuer à stabiliser les choses après une période noire, laissant apparaître de nouveaux mouvements progressistes structurés autour de la nécessité sociale persistente de ne pas produire de chômeurs
  • Il y a un fort productivisme dans cette société, et le capitalisme n’est pas fortement remis en question, il règne une ambiance proche des 30 glorieuses, où la consommation est forte, encouragée, et accessible
  • Le plein emploi réduit le nombre de “Tanguy”
  • L’économie sociale est solidaire bénéficie du plein emploi, les activités d’insertion ont le vent en poupe (pour éviter la peine de mort aux travailleurs en risque de basculer dans le chômage), et des travailleurs s’organisent en coopérative pour s’extraire du patronat
  • Si l’économie s’avère instable, et si le chômage remonte, l’économie des funérailles des chômeurs mis à mort relance l’activité
Boboland

Ce scénario correspond au cadrant combinant absence d’emploi et culte du chômeur

  • Personne n’est payé pour sont travail, et la position de chômeur indemnisé (= bénéficiaire du revenu de base dans ce scénario) est fortement valorisée
  • Il y a un revenu de base suffisant dans ce scénario, proche du concept du salaire à vie, soit un revenu de base sans emploi
  • La production est en grande partie prise en charge par une automatisation éco-compatible, potentiellement rendue possible par des systèmes biomimétiques productifs inspirés de la permaculture
  • Des tâches collectives résiduelles essentielles persistent marginalement, et sont prises en charge collectivement et réparties équitablement
  • L’intérêt pour l’agriculture se développe, et de nombreuses activités d’auto-production s’organisent et font partie des tâches à partager
  • La population consacre la plupart de son temps à l’art, à la recherche fondamentale, au militantisme, au sport, aux loisirs
  • Ils se consacrent également au développement d’initiatives locales et associatives autour de l’économie du don, de la réparation, de la gouvernance locale, etc
  • Le productivisme s’est recentré sur la capital social et culturel, la population s’étant massivement détournée de la production industrielle et matérielle pour la production de connaissance et la production artistique
  • Une devise de cette société est “sans doctorat et/ou single dans le top 50 à 40 ans, tu as raté ta vie”
  • Le facteur différenciant dans la société est le capital social et culturel dont les individus disposent, marginalisant ceux qui n’en disposent pas
  • Il est possible que des dérives sécuritaires protègent les socio-culturellement riches des socio-culturellement pauvres, dont l’oisiveté et l’ennui pourraient alimenter un soulèvement menaçant le nouvel establishment
  • Le clivage gauche-droite ne se situe plus autour des questions économiques, mais autour des questions éthiques et sociales (euthanasie, mariage homosexuel, etc)
  • Il y a une politisation forte, et un intérêt pour l’idée du tirage au sort des élus
  • L’éducation est un enjeu important dans cette société, car si elle est fonctionnelle, alors les capitaux sociaux et culturels sont distribués, et sinon, il y a un risque de société à deux vitesses, et donc d’éclatement
  • Le culte du wellness est bien valorisé, il y a un intérêt important pour les pratiques sportives, la santé préventive, et prendre soin de soi en général
Patron SDF

Ce scénario correspond au cadrant combinant plein emploi et culte du chômeur

  • Il y a un revenu de base inconditionnel dans ce scénario
  • Les chômeurs sont vus comme des moines bouddhistes, maîtres de leur personne, et maîtres dans l’art de ne rien faire, de faire bien par le peu, une élite échappant au plein emploi et à sa tentation, et se consacrant à soi
  • Ceux qui ne disposent pas d’un fort capital social ou culturel travaillent
  • Chacun est confronté au choix de devenir chômeur, ou de gagner très bien sa vie en tant que travailleur, le capital désespérant de trouver des travailleurs
  • La courbe des inégalités s’applatit, car les rentiers du capital perdent en revenu, faute de travailleurs
  • Les médias locaux et indépednants sont très développés dans ce scénario, la ré-appropriation de l’information étant alimentée par le bénévolat
  • Beaucoup de contributeurs sur Wikipédia également
  • Il y a un fort phénomène de consommation de la connaissance
  • La science se déconcentre, il y a un développement des sciences citoyennes, les grands centres de science professionnels perdent de leur influence et se désagrègent
  • Certains profitent du temps dégagé pour lancer des projets collaboratifs
  • Les introvertis préférent les activités personnelles, et profitent de pouvoir se débarrasser de la contrainte de la collaboration
  • Le temps dégagé sert à chacun à approfondir ses centres d’intérêt
  • Le temps dégagé sert à certain à passer plus de temps à militer, permettant ainsi une accélération des réformes politiques
2025 : l’hiver du monde

Ce scénario correspond au cadrant combinant absence d’emploi et peine de mort pour les chômeurs

  • Il n’y a pas de revenu de base inconditionnel dans ce scénario
  • Cette société pousse à l’extrême l’économie de la rente
  • Ce scénario est celui d’une société à deux vitesses, entre une classe de capitalistes rentiers tirant leurs revenus de l’esclavage et de l’automatisation
  • On fait face à une forme de néo-féodalisme
  • Les syndicats n’existent plus dans ce scénario
  • En dehors de ces classes, des ZADs fortifiées et très organisées subsistent, où des marginaux expérimentant l’économie du don et la collaboration
  • Il y a une très forte logique de solidarité entre riches, ce qui est un moyen de maintenir la classe en place
  • Une politique sécuritaire très virulente, à l’encontre des esclaves et plus encore des ZADs, contribue à maintenir le pouvoir des puissants en place
  • La société est sortie de la marchandisation, car il n’y a plus besoin de capital pour asseoir son pouvoir, les services rendus par le travail des esclaves et de l’automatisation est directement échangé entre riches sur la base d’une économie non-marchande

Eléments de réponse à la question

  • Ne pas stigmatiser le
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  • Last modified: 2018-09-10 17:01
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