Thérèse Maes, née à Uccle en 1926
research notes for debrouillardise et coquetterie
J’avais 14 ans, quand la guerre a éclaté.
J’ai passé la guerre comme une gosse de riche. Mes parents n’ont pas travaillé pour les Allemands, mon père refusa de donner des concerts pour les allemands, mais il a vendu une maison, ce qui a permis d’acheter des biens pour la vie quotidienne.
Lors de l’invasion allemande, nous avons tenté de fuir en France, mais avons été arêtes à l’embouchure de la Somme. C’était alors le réembarquement de Duynkercke, les civils se faisaient mittraller par les allemands, et nous n’avaons pas trouvés de pêcheurs pour passer en Angleterre. Rentrés de notre exode à Bruxelles, la première chose que ma mere a fait est de se dépêcher dans un magasin de chaussure. Elle a acheté tant pour moi, pour elle que pour ma soeur une paire de molière à semelle de cuir, et pour mon père des molière avec semelles de crêpe. Nous étions ainsi approvisionnés en chaussures d’avant guerre, pendant la guerre on fabriquait des chaussures avec des semelles en bois, sans contrefort, avec juste un languette pour que la chausse tienne à la jambe. Les semelles étaient en villain caoutchouc noir. Des bouts de metal étaient mis à l’avant et à l’arrière des chaussures afin de moins les user. On les appelait les ‘chaussures cloutées’. Cela faisait beaucoup de bruit dans les rues! Lorsqu’il pleuvait on portrait des galoches: des sortes de pantouffles en caoutchouc noir qui se mettaient sur la chaussure.
Au début de la guerre, on portait les ‘bas cow boy’ ou encore appeés ‘bas zazous’, ils étaient grossièrement tricotés en cotton blanc, arrivaient jusqu’au genou, à élastique. Il y avait une influence de la mode allemande: cela ressemblait au bas tyroliens.
Les femmes se teignaient les jambs en baige-clair couleur bas,, et se dessinait un fi lave cun crayon plus foncé. Je ne le faisais pas, car maman disait que c’était mauvais pour la peau.
En ce qui concerne les tissus, maman s’est aussi rendue au plus vite au début de la guerre s’approvisionner à la maison Francom, d’où elle a ramené de nombreux mètrages de tissus pour pouvoir passer la guerre. Il y avait aussi des tissus qui nous achetions au marché noir, par exemple nous avions des chemises de nuit faites en tissus moltonné, une espèce de flannelle. Ma lingerie était faite en tissus indémaillable, une matière très souple, qui datait d’avant la guerre. Pendant toute la guerre j’ai racommodé mes sous-vêtements en indémaillable. Une lingère venait nous couper nos robes, ou les racommoder. Mes culottes en indémaillable étaient tellement trouées que je le faisais moi-même. J’avais reçu un bon pour 3m de tissus ersatz qui venait d’Allemagne pour me faire une robe pour aller à l’école, comme j’avais tellement grandi. On disait que l’ersatez état fait à partir de sciure de verre, et qu’il était inusable.
Les jupes tombaient à mi-mollet, étaient forncées, serrées à la taille, ou avec des plis. Nous ne portions pas le pantalon.
Les couleurs de nos vêtements étaient ternes, car peu salissantes.
En general on ne portrait pas le chapeau, mais des foulards noués sous le menton. Les gens riches protaient des chapeaux ‘porte-avion’, à bords plats devant. Lorsque ma mere s’habillait pour aller au concert, elle mettait un chapeau rond avec violette.
L’hiver 42 fut très rude, il a fait moins 25° à Bruxelles. Nous conaissions un chausseur qui faisait des chaussures au noir sur mesure, pour ma soeur et moi il confectionna deux paire de randonnées en cuir très épais, qui fonctionnaient très bien avec les gros bas zazous.
Dans ma classe il y avait des filles qui avant la guerre avaient été en vacances de ski, ells avaient alors leurs chaussures après-ski. Les bouts de leurs chaussures étiant plus carrés que les miens.
Nous mettions beaucoup d’écharpes pour nous couvrir, pour avoir chaud dans le cou. Les gens riches avaient encore leur manteaux de fourrure, avec une martingale. Par chance nous avons trouvé un magasin qui avait encore du tissus au metre en teddy bear. J’ai fait toute la guerre avec ce même manteaux, bien vite il est devenu trop étroit, il comprimais ma poîtrine. Je cachais avec une écharpe le fait qu’il était trop petit.
En ce qui concerne le maquillage, les femmes mettaient du rouge à lèvre mais ne se maquillaient pas les yeux. Moi meme j’ai mis mon premier rouge à lèvres à 20 ans, cela ne se faisait pas avant. Au concert j’ai vu des femmes avec du vernis à ongle, c’était très mal porté. Toutes ces choses étaient extrêmement dur à trouver, d’ailleurs trouver de l’acétone pour enlever le vernis devait aussi être particulièrement difficile…
Pendant la guerre les gens ne pouvaient pas acheter de draps de lit. Nous avions à la maison sufisamment de linge, et de drap de lit d’avant guerre. Mais tante Jacqueline, qui était plus pauvre, à passé la guerre à dormer sans drap de lit, à meme la couverture.